Nous sommes souvent consultés pour des questions d’occlusion dentaire, de mâchoire bloquée qui ne s’ouvre plus, de douleurs musculaires à la mastication, de claquement, et aussi de bruxisme nocturne ou diurne, de grincement des dents. En étroite relation avec les dentistes, les orthodontistes les stomatologues, nous arrivons à obtenir des résultats très intéressants. A l’aide d’un examen radiologique comme un panoramique dentaire, le dentiste pourra examiner la santé de vos dents (carie), de vos gencives et orienter vers un traitement spécifique de la structure comme la pose d’une gouttière dentaire, d’un appareil dentaire ou la mise en place d’un traitement orthodontique. L’intervention ostéopathique s’intéressera quant à elle à sa fonction et aux répercussions que les tensions peuvent provoquées. Indépendamment des douleurs articulaires, les troubles de la mâchoire peuvent être à l’origine du ronflement, du grincement des dents et même de l’apnée du sommeil.
Bien évidemment, l’ostéopathie se trouve impuissante devant des luxations irréductibles visibles à la radiographie. Mais dans l’ensemble, quand on connait les problèmes secondaires qui peuvent apparaître suite à des troubles de l’appareil manducateur nous plaçons en priorité l’investigation minutieuse de cette mécanique. Aujourd’hui il n’y a plus de doute, la mâchoire joue un grand rôle dans la posture et être source de douleurs chroniques ! Un examen clinique rigoureux du mouvement du condyle mandibulaire et de sa relation avec le ménisque à l’ouverture et la fermeture de la bouche et de diduction par des mouvements latéraux de la mâchoire inférieure est incontournable. L’ostéopathie est une thérapie manuelle qui grâce à la palpation, cherche à apprécier les tensions musculaires, articulaires et ligamentaires qui empêchent le bon fonctionnement du système occlusal.
L’ATM, l’articulation temporo-mandibulaire, met en relation la mandibule mobile, avec l’os temporal fixe (os qui comprend l’oreille faisant partie des os du crâne) et d’une façon plus générale elle appartient à la bouche. Les problèmes les plus courants sont la malocclusion, la subluxation et la déviation.
La bouche, c’est quoi ?
La bouche autrement appelée la cavité buccale, est une cavité dentée jouxtant la cavité nasale aérienne et séparée d’elle par le palais. Elle contient la langue, les papilles gustatives et les glandes salivaires.
l’ATM intervient dans la toute première phase digestive, le broyage des aliments d’où l’importance de la mastication de son rôle dans les douleurs de tempes et de maux de tête comme les migraines. Par son éventail musculaire et notamment la langue, elle assure la déglutition et le déplacement du bol alimentaire dans l’arrière fond de la gorge pour que celui-ci puisse descendre dans l’œsophage. Dans certains cas on retrouve des troubles de la mâchoire impliquée chez patients souffrant de torticolis
Au carrefour des voies aériennes, digestives et ORL (par la présence au fonde de la gorge, d’un petit tuyau la trompe d’Eustache qui met en relation la cavité buccale et l’oreille), cette articulation nous permet de boire, de manger, et aussi de parler. Elle entretient donc une relation étroite avec le monde extérieur et peut aussi être le témoin d’une manifestation pathologique du milieu intérieur telle que la sensation de bourdonnement.
Les dents, leur orientation, leur symbolique ont fait l’objet de nombreuses études cherchant toutes à décoder un sens dans leur fonction au-delà de pouvoir broyer les aliments. Selon la dialectique nous pouvons attribuer aux dents différentes grilles de lecture. Ce qui nous intéresse ici, c’est de mettre en lumière l’intérêt ostéopathique pour traiter les troubles de l’ATM, regroupés sous le terme «SADAM (syndrome algo-dysfonctionnel de l’appareil manducateur)».
D’un point de vue mécanique et postural, les mouvements de la bouche sont orchestrés par un schéma moteur la reliant au cou, aux épaules et au thorax. Par le biais du cou, toute altération mécanique de l’appareil manducateur provoquera une dystonie des muscles du cou puis du dos et par effet boule de neige, de toute la chaîne musculaire postérieure du corps et entrainer à terme une perturbation posturale. Cela entrainera donc un défaut de tonicité musculaire, voire d’activité musculaire qui aura un impact sur tout l’appareil extenseur du rachis et des membres donnant lieu à des tensions musculo squelettiques.
Ce qui a permis à l’homme de cueillir les pommes dans les arbres en passant de la position quadrupède à la bipédie c’est en partie le développement des muscles érecteurs. Une dysfonction de L’ATM, du fait de la dystonie que cela implique, déstabilise tout notre équilibre et favoriser une mauvaise posture. A distance ce sont des troubles tendino-musculaires qui se mettent en place. Mal partout, fatigabilité, courbatures fréquentes, crampes, tendinites récidivantes, raideur, pubalgie, sont autant de symptômes qui, répétés, peuvent faire penser à un déséquilibre de la mâchoire. Cela peut même aller jusqu’à fragiliser les chevilles et être à l’origine de tendinite du tendon d’Achille et d’entorses. Les troubles de la mâchoire peuvent être aussi à l’origine de certaines céphalées, d’acouphènes, et de douleurs lancinantes aux cervicales.
Il est donc primordial de suivre la croissance et la maturation de l’ATM surtout quand on sait que la branche montante de la mandibule responsable de la croissance de la face termine son ossification à l’âge de 21 ans.
D’autre part, un autre point de vue peut être abordé. L’ATM peut être la manifestation des troubles du milieu intérieur. Les fameuses remontées gastriques qui brûlent l’œsophage continuent leur ascension jusqu’à la bouche et par leur acidité irritent l’activité musculaire et donc l’activité physiologique de l’articulation temporo-mandibulaire.
Alors structure ou fonction ?
Par des tests bien spécifiques, l’ostéopathe recherche l’origine des SADAM en investiguant la sphère mécanique, digestive et tout en prenant compte aussi du terrain émotionnel et affectif du patient.
Les troubles de l’ATM interviennent à tout âge et méritent quelque soit leur ancienneté d’être pris en charge en ostéopathie et avec les autres acteurs de la santé (dentistes, orthodontistes, et stomatologues). Afin d’améliorer la récupération il est souvent nécessaire de faire un bilan ostéopathique à la suite d’une intervention chirurgicale, surtout après l’extraction des dents de sagesse, la pose d’un implant ou de prothèses dentaires.
Un bon conseil ! laissez de côté vos mauvaises habitudes, prenez le temps de mâcher et rangez vos chewing gum !